Volume 17

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  • Cette introduction présente les concepts centraux qui donnent forme à ce numéro spécial sur l’impact de la violence et les processus de développement en Amérique centrale et du sud. La compréhension du développement est considérée en termes plus généraux que le seul contexte économique, afin d’en évaluer les aspects sociaux et politiques plus larges. Dans une optique tout aussi étendue, des formes de violence sont abordées qui vont du mal physique direct et des attaques corporelles à l’agression souvent plus subtile que constituent les abus racialisés ou les pressions exercées par les forces dominantes du marché sur la production centrée sur les communautés. Dans ces contextes, la violence, les initiatives économiques et les allégeances politiques forment des réseaux non voulus et souvent dangereux qui ont des conséquences sur les questions de développement. Tous les articles de ce volume exemplifient encore davantage les environnements spatiaux de la violence et les “paysages de peur” divers qui façonnent notre existence et contribuent à définir nos actions, nos territoires et notre façon d’appréhender ce qui se passe autour de nous. pp 713-724
  • À partir d’une analyse de recherches empiriques récentes effectuées en République dominicaine, cet article traite des manières dont le racisme étaye certains éléments de la gouvernance et examine les réponses organisationnelles et individuelles à la discrimination racialisée initiée par l’État. Le contexte est opportun, étant donné l’augmentation constante, ces cinq dernières années, des attaques racistes et violentes contre les personnes présumées d’origine haïtienne en République dominicaine. Le gouvernement a renforcé les rafles militaires et policières formelles de migrants et de colons qu’il suspecte être d’origine haïtienne et cet article évalue les réactions des groupes et des personnes à ces actions menées par l’État, en analysant les interventions formelles et informelles, leur évolution, la manière dont elles sont entretenues et leur impact. pp 725-738
  • Bien que l’on reconnaisse de plus en plus que la violence, la délinquance et la peur qui leur est associée constituent un défi pour la gouvernance démocratique en Amérique latine, on a prêté une attention moindre à la manière dont les réponses de l’État à la criminalité contribue au problème. En analysant le Salvador comme étude de cas, cet article traite de trois questions interconnectées dans ce débat. En premier lieu, il examine la dynamique de la violence. Il situe ensuite les gangs de jeunes comme acteurs violents dans ce contexte. Enfin, il traite de la réponse de l’État face au phénomène croissant des gangs de jeunes. Il est soutenu que les stratégies actuelles, connues sous le nom de Mano Dura – main de fer – employées par le gouvernement salvadorien ne font que révéler la fragilité du projet démocratique, mettant en évidence le dessous d’autoritarisme qui reste un aspect clé de la vie politique du Salvador dans le processus de transition de la guerre civile vers la paix. pp 739-751
  • Un texte de loi progressiste de 1993 garantissait des droits fonciers collectifs aux communautés noires colombiennes vivant dans les zones rurales de la région côtière du Pacifique. Cette mesure visait en partie à soutenir des stratégies de développement durable dans la région en octroyant des pouvoirs territoriaux aux communautés locales. Or, 14 ans plus tard, l’intensification du conflit intérieur du pays vers la région du Pacifique a créé un degré sans précédent de déplacement forcé parmi les communautés rurales noires. La côte Pacifique de la Colombie, jadis considérée comme un “havre de paix”, se caractérise à présent par de nouveaux espaces de violence et de terreur, imposés par des troupes de guérilleros et des groupes paramilitaires en conflit, ainsi que par les forces armées. Cet article examine la nature de la violence impulsée depuis l’extérieur dans cette région et montre comment certains intérêts économiques précis, en particulier le secteur du palmier africain, s’associent avec des groupes illégaux qui sont habitués à répandre la peur et la terreur parmi les populations locales afin de les obliger à se plier aux exigences de ces acteurs économiques. pp752-764
  • Bien que les formes de résistance de tous les jours ne soient pas nouvelles en Argentine, la spontanéité qui a caractérisé l’insurrection des 19 et 20 décembre 2001 fut sans précédent. Elle montra comment l’absence de leadership, de coordination et d’espérance peuvent laisser la voie libre à des formes puissantes de mobilisation et à des pratiques radicales dans la démocratie directe. L’auteur suggère qu’en mettant en question le capitalisme et les paradigmes sociaux qu’il engendre, les valeurs et les pratiques de la contre-puissance, de l’auto-affirmation, de la collectivité et de la multiplicité peuvent jouer un rôle vital dans le succès et la survie de la démocratie radicale. Cet article s’inspire largement des travaux de Colectivo Situaciones, une coopérative autonome de recherches de Buenos Aires, et s’inspire de l’exemple du Movimiento de Trabajadores Desocupados (MTD) Solano. Ce mouvement de travailleurs sans emploi lutte contre le capitalisme et la violence de l’État en pratiquant une spirale renouvelée de rébellion et de créativité. Cet article se penche sur leurs réussites, leurs gageures et leurs limites pour ce qui est du développement d’une réflexion et d’une pratique démocratiques radicales depuis le point de vue d’un observateur participant. pp 765-774
  • Cet article se penche sur les travaux de plaidoyer international concernant l’exploitation des réserves de gaz dans une zone habitée par un groupe indigène isolé au Pérou, les Machigengua. Une quantité considérable d’activités de plaidoyer international étaient centrées principalement à Washington DC. La communication médiocre entre les personnes directement affectées et les ONG environnementales internationales illustraient des ordres du jour très différents et pas toujours compatibles. L’article conclut que cet échec à adapter les groupes de pression internationaux tant aux vues de la population indigène qu’aux réalités politiques du Pérou ont sérieusement affaibli l’impact des travaux de plaidoyer internationaux. pp 775-783
  • La traduction soulève des dilemmes éthiques et épistémologiques inhérents à la recherche interculturelle. Le processus de communication des mots de participants à des travaux de recherche dans une langue et un contexte différents peut imposer un autre schéma conceptuel à leurs réflexion. Ceci peut renforcer les termes hégémoniques que les études du développement doivent tenter de mettre en cause. Cet article examine l’idée selon laquelle une approche réflexive de la traduction peut non seulement contribuer à surmonter les difficultés que comporte la recherche interculturelle, mais également constituer un outil facilitant la déconstruction de la théorie hégémonique. Il aborde les problèmes épistémologiques et politiques de la traduction, les techniques de traduction et l’impact de la traduction sur les propres recherches de l’auteur, lesquelles sont utilisées pour illustrer certaines des façons dont la traduction peut faciliter la déconstruction et pour mettre en relief l’importance de la construction d’un cadre pour parler avec, et non pour, les participants aux recherches. pp 784-790
  • Les frontières nationales qui présentent des écosystèmes soumis à des changements rapides comportent des défis complexes pour les contributions scientifiques aux processus démocratiques dans le sens de la gouvernance environnementale. Nous décrivons un modèle novateur de travail de proximité, le “train de l’échange des connaissances”, qui conjugue le travail de proximité éducatif et des mécanismes de renforcement des capacités afin d’élargir la participation publique à la planification pour le développement durable. Ce projet a fait intervenir une équipe internationale de scientifiques et de praticiens issus d’organisations travaillant dans les secteurs de la conservation et du développement qui ont parcouru une zone frontalière tri-nationale dans le sud-ouest de l’Amazonie afin de faire part de leurs découvertes récentes aux leaders locaux et aux groupes constituants de parties prenantes de plusieurs municipalités. Le “train d’échange des connaissances” a rapidement sensibilisé la population à de nombreux endroits et a fourni un moyen d’élargir la participation à la planification et à la gouvernance. Ce modèle soutient la planification pour le développement durable et peut être adapté à d’autres sujets et contextes géographiques. pp 791-799
  • Bien que la réflexion actuelle concernant le travail avec les enfants des rues ait cessé de mettre l’accent sur la dépendance de l’aide pour insister sur le protagonisme des jeunes, de nombreuses organisations ignorent le rôle des familles des enfants concernés dans leurs interventions. Ce faisant, elles reproduisent des traditions sociales dépassées et bafouent également des droits garantis par la Convention relative aux droits de l’enfant et par la législation nationale. Cet article illustre l’importance des liens entre l’enfant et la famille, tant pour les enfants que pour les familles, et soutient que les interventions qui ne font pas participer les parents et les familles ne font que reproduire des images de familles qui ont échoué et de mères incompétentes. L’auteur présente une autre approche possible provenant du Brésil, qui respecte les droits et les besoins des enfants et des familles au travers de l’autonomisation de ces dernières. pp 800-806
  • Cet essai-passage en revue se concentre sur les points les plus cruciaux de l’évolution de la contribution de Celso Furtado à la réflexion économique et politique concernant le développement, dans l’espoir que des lecteurs plus nombreux en viennent à apprécier l’importance de ses idées pour le “développement” de l’Amérique latine dans les années 60 et 70 et à voir peut-être même l’intérêt de les relancer. Il débute par une description de la toile de fond de la montée de l’économie du développement, en mettant l’accent sur des aspects de la discipline auxquels ce remarquable économiste brésilien s’est attaqué et qu’il a transformés. Puis vient une description de sa période comme théoricien du développement ou “marchand de la réforme” (Hirschman 1963) et de son exil ultérieur (1964–1975). L’article conclut par une discussion de certains des travaux qu’il a produits à son retour au Brésil. pp 807-819
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  • Malgré l’usage répandu du mot 'développement', son sens reste vague ; il tend à se référer à un ensemble de croyances et de suppositions concernant la nature du progrès social et pas à quelque chose de plus précis. L’auteur, après avoir présenté un bref historique du terme, soutient que non seulement le développement ne parviendra ni à s’attaquer à la pauvreté ni à rétrécir le fossé entre les riches et les pauvres, mais qu’il élargit et approfondit en fait cette division et qu’il finit par créer la pauvreté, tandis que les ressources naturelles ainsi que les êtres humains sont de plus en plus exploités dans la quête de la consommation et du profit. La survie de la planète dépendra de l’abandon de la croyance profondément enracinée selon laquelle la croissance économique peut aboutir à la justice sociale, l’utilisation rationnelle de l’environnement et le bien-être humain et de l’acceptation de l’idée selon laquelle la vie serait meilleure pour tout le monde si nous allions plus loin que le 'développement'.
  • Une analyse des mots de six énoncés de politique générale figurant dans des livres blancs du gouvernement britannique en matière d’aide (sélectionnés entre 1960 et 2006) compare les 20 mots les plus utilisés et les paires de mots clés utilisés dans chaque document. Des phrases caractéristiques sont composées à partir des 20 mots les plus utilisés afin de représenter l’esprit de chaque document. Les résultats mettent en évidence les changements de contenu des livres blancs sur l’aide et indiquent les tendances de l’histoire de l’approche du Royaume-Uni du développement international. Une phrase caractéristique pour illustrer la Déclaration de Paris de 2005 sur l’efficacité de l’aide est mise en opposition avec une phrase composée de mots qui n’ont pas été employés dans ce document. Les lecteurs sont invités et mis au défi d’identifier les mots dont ils aimeraient qu’ils soient utilisés et fassent l’objet de plus d’actions dans le domaine du développement.
  • L’idée de la réduction de la pauvreté attire naturellement toutes sortes d’anges – au sein d’ONG, de départements gouvernementaux et d’institutions financières internationales – mais leurs soins sont frustrés par de nombreux obstacles, dont : la manière étroite et statique dont les économistes définissent les pauvres ; l’éloignement des pauvres; leur invisibilité sociale et le fait qu’ils échappent à la plupart des formes de ciblage ; et l’absence de volonté politique de s’engager dans les politiques de réduction de la pauvreté. La réponse angélique à ces obstacles a consisté à mener une bruyante campagne mondiale pour la réduction de la pauvreté avec des objectifs du millénaire, des cibles pour l’aide internationale et des documents stratégiques pour la réduction de la pauvreté. Il vaudrait mieux redécouvrir le langage du risque, de la vulnérabilité et de l’assurance sociale. Le message de l’association entre le risque et la récompense et le besoin collectif de mécanismes sociaux qui permettront aux personnes de faire face à des risques accrus sans s’exposer à des dégâts irréversibles, voilà ce qui doit vraiment être transmis.
  • L’expression 'protection sociale' a été beaucoup utilisée de par le monde et est souvent traitée comme un synonyme de 'sécurité sociale', ce qui est trompeur. Cet article se penche sur les nombreux termes qui sont devenus partie intégrante du langage de la protection sociale, en indiquant que l’image évoquée par le terme est plutôt différente de ce qu’il signifie.
  • Le terme 'mondialisation est largement utilisé pour décrire une variété de changements économiques, culturels, sociaux et politiques qui ont façonné le monde au cours des quelque 50 dernières années. Comme il s’agit d’un phénomène complexe et à multiples facettes, on a attribué à la mondialisation une ample gamme de pouvoirs et d’effets. Ses partisans affirment qu’elle est à la fois 'naturelle' et un résultat inévitable du progrès technologique et qu’elle crée des convergences économiques et politiques positives. Les critiques soutiennent que la mondialisation est hégémonique et hostile aux économies locales et nationales. Cet article soutient que la mondialisation est une forme d’expansion capitaliste qui entraîne l’intégration des économiques locales et nationales dans une économie de marché mondiale et déréglementée. Bien qu’économique dans sa structure, la mondialisation est également un phénomène politique, influencé par les négociations et interactions entre les institutions du capital transnational, les états-nations et les institutions internationales. Ses moteurs principaux sont les institutions du capitalisme mondial – en particulier les sociétés transnationales – mais elle a également besoin de la main ferme des États pour créer des environnements propices lui permettant de prendre racine. La mondialisation s’accompagne toujours de la démocratie libérale, laquelle facilite l’établissement d’un État et de politiques néolibéraux qui permettent à la mondialisation de prospérer. Cet article traite de la relation entre la mondialisation et le développement et fait remarquer que certaines des suppositions les plus fréquemment avancées par ses partisans contredisent la réalité de la mondialisation et que celle-ci se heurte à la résistance de plus de la moitié de la population du monde parce qu’elle n’est pas capable de tenir ses promesses de bien-être et de progrès économiques pour tous.
  • Cet article met en question l’utilisation croissante de l’expression 'basé sur la foi' dans les politiques générales et la pratique du développement. L’auteur affirme qu’elle homogénéise les personnes dans les contextes de migrants minoritaires et de pays en développement et exclut de nombreuses personnes qui œuvrent en faveur des droits de l’homme et de la justice sociale dans une optique laïque, et qu’elle constitue par conséquent une base analytique douteuse pour la politique générale. Avec comme toile de fond la 'guerre contre le terrorisme', l’auteur examine également les différences entre les politiques de développement des États-Unis et celles du Royaume-Uni qui découlent de l’expression 'basée sur la foi'.
  • La participation avait été conçue au départ comme élément d’une approche contre-hégémonique de la transformation sociale radicale et, de ce fait, elle représentait un défi au statu quo. Paradoxalement, tout au long des années 80 et 90, la 'participation' a acquis une légitimité au sein du monde institutionnel du développement jusqu’à devenir un mot à la mode (un buzzword). Les manipulations précises requises pour convertir une proposition radicale en quelque chose qui pouvait servir les intérêts de l’ordre mondial néolibéral ont abouti à la décapitation politique de la participation. Réduite à une série de paquets et techniques méthodologiques, la participation allait lentement perdre sa signification philosophique et idéologique. Pour faire en sorte que l’approche et la méthodologie aident le processus contre-hégémonique de résistance et de transformation au niveau de la base populaire, ces significations ont désespérément besoin d’être récupérées. Pour ce faire, il faut que la participation soit reformulée au sein de processus plus larges de lutte sociale et politique afin de faciliter la récupération de la transformation sociale dans le monde du capitalisme du 21ème siècle.
  • Cet article traite des différentes significations que la citoyenneté a assumées en Amérique latine au cours des quelques dernières décennies. Le principal argument y est que, dans la confluence perverse entre les projets participatifs néolibéraux et démocratiques, la référence commune à la citoyenneté, utilisée par différents acteurs politiques, donne l’impression d’une homogénéité apparente, masquant par la même occasion les différences et édulcorant le conflit qui existe entre ces projets.
  • Cet article retrace l’évolution au fil des siècles du concept et de la pratique de l’autonomisation (ou octroi de pouvoirs, 'empowerment' en anglais), de son adoption par des mouvements sociaux radicaux, en particulier des mouvements de femmes à partir des années 70, et de sa conversion, vers la fin des années 90, en mot à la mode. En situant l’analyse dans le contexte d’interventions pour l’autonomisation des femmes en Inde, cet article décrit la dynamique de la dépolitisation et de la subversion d’un processus qui mettait en cause les structures les plus profondes du pouvoir social. La 'diminution d’échelle' et la constriction du concept au sein de la politique d’État, le 'dé-financement' des stratégies véritables d’autonomisation sur le terrain et la substitution de l’autonomisation par des quotas politiques et le microfinancement sont examinés et analysés.
  • Parallèlement à la mondialisation, et comme complément de celle-ci, le 'capital social' a connu une ascension fulgurante dans toutes les sciences sociales au cours des deux dernières décennies. Il n’est pas surprenant qu’il ait occupé une place tout particulièrement importante dans tout le secteur des études de développement, surtout du fait de sa promotion constante par la Banque mondiale. Cependant, en tant que concept, comme le soutiennent obstinément des documents critiques minoritaires, le capital social a des défauts fondamentaux. Bien qu’il soit capable d’aborder presque tout ce qui est désigné comme 'social', il a tendu à délaisser l’État, la classe, le pouvoir et le conflit. Comme mot à la mode (buzzword), il a beaucoup freiné l’éloignement actuellement progressif des extrêmes du néolibéralisme et du postmodernisme à un moment où l’impérialisme économique mène une attaque extrêmement agressive. Le capital social ne doit pas être ignoré, mais il doit être contesté – et rejeté.
  • Cet article se base sur des entretiens avec plusieurs membres du personnel d’ONG situées à San Cristóbal de Las Casas au Chiapas, au Mexique, concernant les partenariats entre ces ONG et leurs sources de financement, comme les fondations ou agences du Nord qui effectuent ou soutiennent des travaux de développement dans l’hémisphère Sud. La raison des entretiens était un intérêt concernant le mot 'partenariats', en particulier les partenariats stratégiques. Les partenariats existent-ils actuellement et, dans l’affirmative, qu’est-ce que cela signifie pour les ONG d’avoir un partenariat avec une source de financement ? La conclusion générale a été que les partenariats stratégiques ont effectivement existé dans le passé et qu’ils pourraient réapparaître à l’avenir, mais que pour l’instant ils n’existent que sporadiquement, étant données les manières distinctes de voir et d’effectuer le travail de développement au sein des ONG d’un côté et des fondations ou agences de l’autre.
  • Cet article est une réflexion sur le vocabulaire fréquemment employé au sein des organisations de développement pour communiquer sur le 'genre et le développement'. L’auteur soutient que la terminologie pertinente, bien qu’elle soit fréquemment utilisée, reste problématique. Certains termes sont presque complètement absents, tandis que d’autres sont utilisés de manière vague et peu appropriée – les subtilités de concepts mis au point et débattus avec soin étant souvent perdues. Les termes comme 'autonomisation', 'genre' et 'intégration du genre dans les activités', qui ont leurs origines dans la réflexion et l’activisme féministes, ont perdu leurs amarres et sont devenus dépolitisés. Malgré ces problèmes, il y a des signes de ce que les débats et le language sont en train de devenir plus radicaux avec la reconnaissance des défauts des pratiques de l’intégration du genre dans toutes les activités, l’approfondissement de l’intérêt concernant l’idée d’autonomisation et l’adoption explicite d’un language ayant trait aux droits de l’homme.
  • Comme 'terme charnière' éminemment efficace, capable de relier des groupes disparates sur la base d’un large ordre du jour commun, le terme 'durabilité' a beaucoup évolué depuis son association technique à la gestion des forêts en Allemagne au dix-huitième siècle. Durant les années 80 et 90, il a défini – pendant un moment historique précis – un débat clé d’importance mondiale, qui a amené avec lui une coalition d’acteurs – au travers des gouvernements, des groupes civiques, du monde universitaire et du secteur des affaires – de manière peut-être sans précédent. Le fait qu’ils n’étaient pas d’accord avec tout (ou qu’ils ne savaient rien des définitions techniques du terme) importait peu. Le travail charnière effectué au nom de la durabilité créa un élan important pour l’innovation au niveau des idées, la mobilisation politique et les changements de politiques générales, en particulier en rapport avec la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (UNCED) qui se tint à Rio en 1992. Bien entendu, tout ceci ne mena pas à tout ce que les partisans au centre de ces réseaux avaient prévu et le débat a évolué depuis, avec des questions prioritaires différentes et des acteurs et réseaux nouveaux. Mais, comme le soutient l’auteur, ce changement ne nuit pas au pouvoir de la durabilité comme mot à la mode : comme point de rencontre pour les idées et la politique qui continue d’être puissant et influent.
  • Cet article propose une généalogie intellectuelle de la manière dont le concept des droits de l’homme est entré dans le discours du développement – de la formulation d’un 'droit au développement' à l’incorporation des droits dans le discours dominant, en passant par l’expression d’une approche 'basée sur les droits' du développement. Il se conclut par quelques propositions sur le rôle important que la concentration sur les droits pourrait jouer dans la pratique du développement international.
  • L’idée de société civile s’est avérée très difficile à cerner, échappant comme elle le fait aux schémas conceptuels et à toute négociation stable du concept lui-même. Ressuscité dans un contexte historique très défini, celui des États autoritaires, le concept de société civile en est venu à signifier un ensemble de pratiques sociales et politiques qui cherchaient à entrer dans un dialogue avec le pouvoir de l’État. L’étroite connexion avec la réapparition du concept et l’effondrement des États dictatoriaux a rendu la société civile intéressante pour une variété d’agents politiques dotés de différents ordres du jour : élargir le marché aux dépens de l’État, faire la transition de la politique de masse vers des campagnes portant sur une seule question et localisées, miner la confiance dans des modes acceptés de représentation comme les partis politiques et rétrécir en général le domaine de l’État et celui du mode accepté de mener la politique. Le fait que le concept de société civile puisse convenir à une telle variété de projets politiques différents cause une certaine inquiétude, car cela pourrait bien signifier que la société civile en est venue à vouloir dire tout pour tous ceux qui s’y intéressent un tant soit peu.
  • Le plaidoyer public et le plaidoyer centré sur les personnes sont influencés par la culture politique, les systèmes sociaux et le cadre constitutionnel du pays dans lequel ils sont pratiqués. C’est la pratique du plaidoyer qui détermine la théorie et pas l’inverse. Si le plaidoyer n’est pas ancré dans les réalités de la base populaire et n’est pratiqué qu’au niveau macro, il est de plus en plus vraisemblable que les élites professionnelles s’approprieront la voix des marginalisés. Cependant, la crédibilité même des praticiens du plaidoyer dépend de leur relation avec les mouvements de masse et des perceptions au niveau de la base populaire de ce qui constitue le changement social souhaitable.
  • Les associations que le terme 'ONG' a acquises dans le discours du développement doivent être analysées d’un œil critique par rapport à la pratique sur le terrain. En s’inspirant d’une analyse de la montée des ONG en Palestine, l’auteur suggère que le développement du mouvement des ONG a eu pour effet de déstabiliser la société civile durant une phase de lutte nationale. Au travers de la professionnalisation et du lancement de projets multiples entraînés par les tentatives, financées par des bailleurs de fonds, de promouvoir la 'société civile', un processus d’'ONGisation' a eu lieu qui a créé un vide comblé de plus en plus par le militantisme du Mouvement islamique (Hamas). Comme le montre ce cas, 'ONG' a beau être un mot à la mode (buzzword), les ONG ne constituent pas pour autant une balle magique. Au lieu de prendre comme allant de soi les effets positifs et démocratisants de la croissance et de la propagation des ONG comme si elles représentaient la 'société civile' elle-même, cet article soutient que c’est une approche plus critique qui est requise, une approche qui prenne davantage en compte la politique des contextes spécifiques et la dynamique de l’institutionnalisation.
  • Cet article se concentre sur le rôle que les ONG de développement jouent dans le renforcement des capacités et soutient que bien des pratiques conventionnelles d’ONG concernent en fin de compte le maintien du pouvoir et non l’octroi de pouvoirs à leurs partenaires (leur autonomisation). Ceci aboutit à l’apparition d’œillères et à une reddition de comptes ascendante, et non descendante ou horizontale, sur la base de la supposition selon laquelle le transfert des ressources est un processus unilatéral. Au pire, ceci mine, au lieu de renforcer, les capacités des organisations que les ONG s’efforcent d’aider. Le partage des responsabilités et des risques, la redevabilité mutuelle, et l’engagement dans le long terme au lieu de projets à court terme sont plus susceptibles de créer des partenariats capables de résister aux vicissitudes et de contribuer à des changements durables.
  • L’harmonisation des efforts des bailleurs de fonds est l’un des mots actuellement à la mode dans le monde de l’aide officielle. Cependant, bien qu’elle soit une idée intéressante en théorie, tant que les bailleurs de fonds ne reconnaîtront et n’aborderont pas les opérations du pouvoir dans la relation d’aide, l’harmonisation ira probablement à l’encontre du but recherché, à savoir favoriser des réponses initiées au niveau local aux défis du développement.
  • L’expression 'propriété de pays' se réfère à une propriété de la conditionnalité associée aux programmes, processus, plans ou stratégies faisant intervenir une 'partie nationale' (en général un état-nation) et une partie étrangère (en général le FMI, la Banque mondiale, les banques régionales de développement et autres institutions multilatérales et bilatérales). Dans quelles circonstances et comment le concept de propriété de pays peut-il être pertinent pour un pays comportant une myriade d’opinions et d’intérêts hétérogènes et souvent contradictoires ? Ou pour un pays dont la légitimité représentative ou les références démocratiques du gouvernement sont mises en question ? L’auteur soutient que cette expression a été tellement exploitée qu’elle est, au mieux, peu utile et, au pire, pernicieuse : une expression dépassée.
  • Dans cette brève critique de l’idée des 'meilleures pratiques', l’auteur soutient que les bonnes pratiques ne sont ni réplicables ni uniformes ; on ne peut pas les réduire aux éléments qui les composent pour les reproduire ailleurs. De plus, les critères de ce que constitue les 'meilleures pratiques' sont au mieux sans valeur scientifique et tendent à décourager la diversité et l’expérimentation au niveau local.
  • Le concept de 'construction de la paix' est une expression à la mode pour le courant dominant de la politique et de la pratique en matière de développement. L’introduction récente d’outils de gestion et la concentration sur la mesure de l’'efficacité' de la construction de la paix ont marginalisé et dépolitisé les questions cruciales sur les causes du conflit violent pour les remplacer par des idées réconfortantes pour les bailleurs de fonds selon lesquelles la paix peut être construite et mesurée sans mettre en cause la manière dont l’Occident comprend l’économie, la gouvernance et les aspirations sociales des populations.
  • Les concepts de transparence et de redevabilité sont étroitement liés : la transparence est censée donner lieu à la redevabilité. Cet article met en cause cette supposition partagée par beaucoup. La transparence mobilise le pouvoir de la honte, mais ceux qui n’ont pas honte peuvent ne pas être vulnérables à la dénonciation publique. La vérité souvent ne mène pas à la justice. Après avoir examiné différentes définitions et dimensions des deux idées, les questions les plus pertinentes s’avèrent être : quelles sortes de transparence aboutissent à quels types de redevabilité et dans quelles conditions ? L’article conclut en suggérant que le concept peut être analysé en termes de deux variantes distinctes. La transparence peut être soit 'limpide' soit 'opaque', tandis que la redevabilité peut être 'douce' ou 'dure'.
  • Cet article traite des manières dont la corruption a pris le devant de la scène dans une grande partie de la formulation de politiques générales et de la rhétorique dans le secteur du développement. L’auteur soutient qu’il existe un besoin de déstabiliser les suppositions 'prises comme allant de soi' de ce qu’est la corruption et de la manière dont elle opère. Pour ce faire, il faut générer une compréhension de la façon dont les significations de la corruption varient et de la manière dont cette variation est déterminée par les caractéristiques sociales des personnes engagées dans le discours lié à la corruption. Il s’agit en outre d’examiner la manière dont les discours sur la corruption et l’anti-corruption sont traduits du niveau international aux niveaux national et local – de l’'establishment' anti-corruption aux réalités des rencontres bureaucratiques dans des contextes divers.
  • Le concept de la bonne gouvernance est né parmi des érudits africains en rapport avec les relations États-société en Afrique pour exprimer le souci de ce qu’elles soient propices au développement, démocratiques et socialement inclusives. Ce terme a depuis été adopté par le secteur international du développement – en particulier la Banque mondiale – et utilisé par lui comme une nouvelle étiquette pour la conditionnalité de l’aide, en particulier l’ajustement structurel dans toutes ses manifestations diverses. .
  • Cet article examine les liens entre le développement et la 'sécurité', en situant ces concepts dans leurs contextes philosophiques et politiques, en particulier en rapport avec les guerres contemporaines, y compris la 'guerre contre le terrorisme', et ce que l’on appelle la 'sécurisation' du développement. La sécurité des États n’assure pas forcément la sécurité de leurs citoyens et le concept même de sécurité est à la fois complexe et contesté. L’auteur propose un résumé succinct des interprétations diverses de la sécurité – des États, des collectivités et des individus – en montrant comment chacune d’entre elles est à double tranchant et ambivalente.
  • Depuis les années 90, les États qui n’ont pas la capacité de s’acquitter de leurs fonctions normales et de faire avancer le développement sont appelés les 'États fragiles'. Cet article se concentre sur l’Afrique, qui non seulement compte la plus grande concentration d’États fragiles par excellence, mais qui a en outre été le centre d’intérêt des érudits, des organismes internationaux et des praticiens du secteur du développement. L’auteur examine des analyses en concurrence de l’État africain post-colonial et conclut que ses caractéristiques d’institutions faibles, de pauvreté, d’inégalités sociales, de corruption, de dissensions civiles, de conflits armés et de guerre civile ne sont pas des problèmes originaux mais trouvent leurs origines dans des contextes historiques précis. Il est essentiel de comprendre les facteurs externes comme internes de la fragilité si l’on veut que les États de ce type bénéficient de l’assistance et de l’autonomisation dont ils ont besoin – non seulement pour le bien de leurs citoyens appauvris mais aussi pour le bien de la paix, de la prospérité et de la sécurité dans le monde. En fin de compte, ce sont les citoyens des pays concernés qui sont chargés de déterminer le moment où les États ne sont plus fragiles – pas les 'bailleurs de fonds' bienveillants ni la communauté internationale, dont la principale motivation pour des interventions soi-disant destinées à renforcer l’État est de veiller à ce que les États fragiles trouvent leur place légitime dans l’ordre mondial hégémonique.
  • Cet article traite de la 'gestion des connaissances' en se servant d’une étude de cas du service de recherches de la Banque mondiale, situé dans la vice-présidence de l’économie pour le développement de la Banque. Malgré la présentation que fait la banque de son antenne de recherches comme un organisme menant des 'travaux rigoureux et objectifs', l’auteur constate que la 'gestion des connaissances' de la Banque fait intervenir des recherches qui ont tendu à renforcer l’ordre du jour dominant de la politique de mondialisation néolibérale. Cet article examine certains des mécanismes par lesquels le service de recherche de la banque en vient à jouer un rôle central dans ce que Roger Wade a dénommé l’'entretien des paradigmes', y compris des moyens d’encouragement lors de l’embauche, la promotion et la publication, ainsi que la mise en application sélective des règles, le découragement des opinions dissonantes et la manipulation des données. L’analyse de l’auteur se base tant sur des entretiens approfondis avec des professionnels actuels et passés de la Banque mondiale que sur l’examen de la documentation pertinente.
  • Cet article présente certaines des conclusions clés du Southern African Reconciliation Project (SARP – Projet de réconciliation en Afrique australe). Le SARP était un projet collaboratif de recherches faisant intervenir cinq ONG d’Afrique australe au Malawi, au Mozambique, en Namibie, en Afrique du Sud et au Zimbabwe. Il a entrepris d’examiner ce que l’on entendait par le concept de réconciliation dans les contextes communautaires d’Afrique australe et s’est penché sur les façons dont les politiques gouvernementales nationales et la participation de la société civile à la réconciliation soit se sont ouvertes sur des occasions de réconciliation, de justice transitionnelle et sur la promotion d’une culture propice aux droits de l’homme, soit les ont bloquées. L’auteur résume le contexte historique de la réconciliation en Afrique australe, décrit dans leurs grands traits les initiatives de réconciliation lancées dans chaque pays et identifie les débats naissants sur la réconciliation et les principes de la réconciliation qui ont fait leur apparition dans le cadre des travaux des organisations de la société civile (OSC) dans la région.
  • Aux cours des quelques dernières années, le concept de société civile a suscité un intérêt renouvelé dans les cercles du développement et de la gouvernance. La société civile, définie en gros comme l’espace au sein de la société dans lequel a lieu l’action citoyenne collective, s’est en fait avérée être un concept extrêmement difficile à définir et à opérationnaliser. Cet article propose un cadre et une méthodologie pour mesurer et comparer la situation de différentes sociétés civiles de par le monde. Il se conclut par une discussion sur les questions et les défis, en s’inspirant des enseignements préliminaires se dégageant des efforts en cours visant à appliquer cette approche dans plus de 50 pays.
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  • Cet article propose un cadre théorique, le paradoxe du renforcement des capacités (Capacity-building paradox), qui définit le travail sur les relations personnelles comme la base du renforcement des capacités. Il explique pourquoi le renforcement des capacités a jusqu’ici largement échoué. Le “travail sur les relations” est un élément central des fonctions des praticiens. Il consiste en du “travail dépendant” et du “travail d’amitié”, ce dernier étant synonyme de renforcement des capacités. Pour mener des travaux sur les relations, les praticiens ont besoin d’avoir du pouvoir afin de surmonter les obstacles environnementaux. Les ressources financières se dégagent comme l’influence environnementale prédominante, poussant souvent les praticiens à utiliser le travail dépendant plutôt que le travail d’amitié. Ceci aboutit à une réduction des capacités et ne contribue pas au développement durable. La plus grande partie des documents disponibles actuellement fournit des outils organisationnels et institutionnels pour le renforcement des capacités. Bien qu’il y ait une reconnaissance croissante du caractère central des relations personnelles dans ce travail, il n’existe pour l’instant aucun cadre théorique dans lequel le situer. Cet article présente des recherches originales sur les expériences de différentes personnes liées à des travaux de renforcement des capacités dans un contexte de développement et propose un modèle conceptuel qui pourrait avoir des implications importantes pour la pratique en matière de renforcement des capacités.
  • Cet article présente de nouvelles idées basées sur le terrain concernant l’application de la technique du Changement le plus significatif (Most Significant Change - MSC) comme méthode de suivi des changements sociaux découlant d’une intervention de développement. La documentation portant sur cette technique novatrice de suivi qualitatif augmente lentement mais elle se limite principalement à de la littérature grise. On remarque tout particulièrement un manque de recherches rigoureuses afin d’évaluer les complexités et les défis de l’application de la technique avec intégrité dans le contexte du développement. Les auteurs utilisent un modèle conceptuel des aspects pratiques du suivi et de l’évaluation (le “Cycle de données de S&E” - M&E Data Cycle) pour mener un examen systématique des défis à relever pour appliquer avec succès la technique du MSC et des éléments clés de ce travail d’application. Ils proposent une analyse détaillée de la manière dont la technique MSC a été utilisée dans deux projets au Laos, et présentent les enseignements et les nouvelles idées qui s’en sont dégagés. Ces informations basées sur la pratique pourront influencer l’utilisation future de la technique du MSC et contribuer à son développement.
  • Cet article tire les enseignements préliminaires de l’expérience vécue au moment d’obtenir des élites villageoises qu’elles soutiennent un programme de BRAC destiné aux femmes ultra-pauvres du Bangladesh rural. Il décrit les origines, les buts et le fonctionnement de ce programme, qui apporte un soutien complet aux moyens de subsistance et donne des biens de production aux personnes se trouvant dans la pauvreté extrême. En se basant sur les recherches menées sur le terrain dans le nord-ouest rural, cet article examine les conditions dans lesquelles les élites peuvent soutenir les interventions pour les ultra-pauvres, ainsi que les risques et les avantages de ce type d’engagement. Il décrit l’impact des comités qui ont le mandat de soutenir les participants ultra-pauvres du programme et cherche à comprendre le succès quelque peu paradoxal de cette intervention. Les conclusions et les leçons supposent un réexamen des suppositions qui dominent le savoir et les programmes liées aux aspects politiques de la pauvreté dans le Bangladesh rural.
  • Les marchés et les entreprises connaissent actuellement de grands changements tandis que la mondialisation s’approfondit. La pression exercée par des groupes sociaux divers, tant environnementale qu’économique, entraîne des changements dans l’environnement opérationnel. De nombreuses sociétés cherchent à concevoir des stratégies de responsabilité sociale, tant pour répondre aux pressions externes que pour profiter à leurs propres intérêts. C’est sur cette toile de fond que cet article aborde le cas d’Inditex, une entreprise basée en Galice, et sur le “harcèlement” qu’elle a subi de la part de Setem, antenne espagnole de la Clean Clothes Campaign (CCC – Campagne vêtements propres). En examinant les affirmations de Setem, on comprend mieux les répercussions de l’exercice de pression pour des systèmes sociaux qui sont désormais de plus en plus influencés par des acteurs externes. Les auteurs soutiennent que tant les sociétés que les organisations non gouvernementales doivent rendre des comptes sur l’impact social de leurs activités.
  • Le Cambodge a entrepris un processus de décentralisation et de démocratisation, dont l’établissement, au début de 2002, de conseils communaux élus. Cependant, étant donné qu’il n’existait pas de tradition concernant l’encouragement de la participation civique aux affaires publiques, la population ne savait guère au départ comment dialoguer avec ces conseils. Les auteurs décrivent un projet soutenu par le ministère du Développement rural et l’agence bilatérale allemande GTZ et entrepris avec des organisations non gouvernementales locales dans le but d’identifier et de soutenir des groupes communautaires actifs et d’améliorer leur aptitude à dialoguer avec les conseils communaux, tout en cherchant des manières pour ces derniers de soutenir les différents groupes.
  • Les banques de riz sont de plus en plus utilisées en Asie du sud-est pour tenter de remédier aux crises alimentaires saisonnières qui touchent les communautés pauvres. Malgré l’accord général sur l’efficacité des banques de riz gérées par les communautés pour ce qui est de l’amélioration de la sécurité alimentaire, il n’y a eu presque aucune recherche sur leur efficacité au moment d’arriver jusqu’aux plus pauvres ou sur les perspectives de durabilité liée aux remboursements réguliers de riz. Concern Laos a tenté de répondre à ces questions au travers de la mobilisation communautaire, en formulant des règles pour encourager la participation des plus pauvres, en développant des outils et des procédures simples s’inscrivant dans la capacité communautaire existante et en développant une capacité communautaire accrue. Il reste d’autres défis, comme celui de modifier la mentalité répandue de “secours”, d’assurer la participation des femmes et d’établir des programmes d’épargne régulière afin d’améliorer l’efficacité et la durabilité des banques de riz.
  • Cet article décrit Learning Platforms (Plateformes d’apprentissage), un effort structuré mené par l’agence néerlandaise SNV pour encourager ses conseillers experts à prendre part à la lecture et l’analyse des travaux de recherche universitaire liés au contexte dans lequel ils travaillent et à entreprendre leurs propres recherches. Bien que l’aptitude des praticiens à appliquer leurs recherches à leur pratique quotidienne et l’aptitude de l’organisation à assimiler les conclusions des recherches dans ses manières de travailler aient été partielles ou limitées, l’approche a le potentiel de rassembler les efforts des universitaires et des praticiens de façons mutuellement avantageuses.
  • La gestion basée sur les résultats (GBR) est solidement établie comme outil de gestion pour la pratique internationale dans le secteur du développement. Or, bien qu’elle soit utilisée depuis dix ans, de nombreux praticiens du développement ont une opinion négative de la GBR, qu’ils considèrent comme une exigence émanant des bailleurs de fonds qui détourne du temps, de l’énergie et des ressources des efforts concrets du travail de développement. Cet article présente quelques réflexions générales sur la GBR depuis un point de vue distinctif : celui de l’évaluateur de projet (ou de programme). Il se penche sur les défis associés à la GBR et tire de cette réflexion un certain nombre de stratégies suggérées pour améliorer son utilisation. Il conclut que les praticiens du développement doivent se montrer plus agressifs au moment de mettre en œuvre la GBR.
  • Cet article identifie les défis et les occasions pour l’industrie du café robusta de l’Ouganda dans le contexte de la crise mondiale du café. Il présente une évaluation qualitative et quantitative des stratégies de développement au travers desquelles l’Ouganda profiterait d’une augmentation modeste de sa production de robusta, tandis qu’une diminution supplémentaire de sa production pourrait nuire à son prix actuel sur le marché. Par ailleurs, une augmentation de la valeur du robusta ougandais, en améliorant sa qualité, pourrait comporter des avantages importants.
  • Limités largement par le manque de moyens – techniques, financiers, juridiques et/ou administratifs – les gouvernements des pays en développement créent souvent des structures de gestion multicouche afin de réglementer et de surveiller les ressources protégées. Ces structures sont créées lorsque des organisations non gouvernementales se voient octroyer l’autorité de suivre et/ou de gérer certains aspects d’une ressource naturelle ou indigène protégée. D’autres aspects, souvent ayant trait à la réglementation, continuent d’être gérés par le gouvernement. En utilisant des études de cas du Belize et de Malaisie, les recherches présentées ici suggèrent que les structures de gestion créées entre les ONG et les gouvernements dans les pays en développement encouragent souvent un suivi chaotique, des politiques réactives et des conflits sur la juridiction, ainsi qu’une dépendance des moyens techniques, financiers et/ou juridiques des ONG.
  • Cet article se base sur des recherches qui ont examiné et analysé le rôle potentiel des diasporas dans l’aide au développement aux Pays-Bas. Les recherches ont adopté l’hypothèse selon laquelle les agences de développement pourraient profiter des connaissances, des compétences et des opinions des diasporas comme “agents de développement” et rendre ainsi l’aide plus efficace et plus durable. Les données ont été tirées d’entretiens semi-structurés avec des représentants de diasporas installés aux Pays-Bas, des ONG néerlandaises sélectionnées par le gouvernement des Pays-Bas pour leurs programmes de renforcement des capacités, des bailleurs de fonds officiels, notamment le ministère néerlandais des Affaires étrangères (Ministerie van Buitenlandse Zaken) et des organisations internationales, comme l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les données secondaires ont été tirées d’une revue documentaire.
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  • Cet article décrit la phase exploratoire et préparatoire d’un projet de recherche conçu pour utiliser l’enquête coopérative comme méthode pour la recherche-action transformative et participative sur les rapports entre les bailleurs de fonds et les récipiendaires dans deux pays en développement : la Bolivie et le Bangladesh. Il décrit les origines de notre idée, les défis conceptuels que nous avons dû relever dans le cadre de la recherche de financement et ce que nous avons appris de cette première phase. Nous analysons les raisons pour lesquelles les chercheurs, ainsi que les sujets potentiels de ce travail de recherche, n’étaient pas convaincus par la méthodologie proposée, y compris les défis émanant de nos propres positions et de la nature hautement sensible du sujet. Nous expliquons pourquoi nous avons décidé d’abandonner le projet et tirons quelques conclusions provisoires concernant les options pour la recherche-action et l’apprentissage-action participatifs en matière de pratiques de développement.
  • Pour relever les défis relatifs à la santé des écosystèmes il faut éliminer les barrières disciplinaires et professionnelles. Par le biais d’une réflexion sur un projet de recherche et développement visant à aborder les préoccupations relatives aux pesticides dans le nord de l’Équateur, ce document présente les défis qui se sont présentés et les compromis effectués, du recrutement de personnel à la mobilisation pour des changements de politique générale, en passant par des évaluations préliminaires et des activités d’éducation au sein des communautés. Ce faisant, il met en évidence les problèmes de paradigme et de processus sous-jacents inhérents au regroupement des chercheurs et des praticiens du secteur du développement, ainsi que le rôle problématique du plaidoyer qui est associé aux initiatives communes dans les domaines de l’agriculture, de la santé et de la recherche et du développement.
  • Le chewing-gum naturel (ou chicle) représente à peine 3,5 pour cent du marché total du chewing-gum, lequel est dominé par du chewing-gum synthétique fabriqué à partir d’hydrocarbures. Cependant, l’intérêt récent que suscitent les stratégies de moyens d’existence durables a présenté des possibilités d’élargissement de la commercialisation du chicle pour ce qui est encore un petit marché de niche. La production de chicle peut servir à renforcer la conservation forestière et fournir du travail régulier aux populations qui dépendent des produits forestiers, dans le cadre d’une gamme d’activités forestières durables. Cependant, la production et la commercialisation du chewing-gum naturel se sont heurtées à plusieurs problèmes sérieux : les producteurs du Mexique ont été organisés de manières qui leur ont fait prêter le flanc à l’exploitation tant par les intermédiaires que par les institutions publiques ; de plus, les processus de certification pour les produits biologiques et de commerce équitable sont compliqués et coûteux. Ce document suggère plusieurs façons d’aborder ces problèmes.
  • Entre 1994 et 2003, les ADPIC de l’OMS ont été affinés de manière à comporter des flexibilités pour ce qui est de l’utilisation de licences obligatoires pour importer et exporter les variétés “génériques” de produits pharmaceutiques, y compris les médicaments ARV pour le traitement du VIH/sida. Ce document résume d’abord ce processus et en analyse les implications dans la pratique pour les pays en développement, puis il place le régime actuel dans un contexte à plus long terme de la protection institutionnelle des brevets en Grande-Bretagne et en Europe qui date du dix-neuvième siècle. Il décrit la manière dont ce modèle, qui profite aux détenteurs principaux de brevets, continue d’être présent dans les ADPIC L’auteur démontre ensuite que les entreprises continuent d’exercer une influence sur l’État comme l’illustrent les conditions des ADPIC-plus, lesquelles figurent dans les accords de libre-échange bilatéraux entre les États-Unis et soit certains pays en développement soit des groupements régionaux. Cette batterie de ce qui constitue en fait des obstacles institutionnels à la disponibilité de médicaments bon marché, à l’heure actuelle et à l’avenir, présente des problèmes sérieux pour les opérations futures de la chaîne d’approvisionnement pour de nombreux médicaments importés et, dans les cas du VIH/sida, avec des implications négatives pour l’efficacité clinique à long terme des médicaments les plus largement utilisés.
  • Cet article examine les méthodologies actuelles pour la conception de projets de développement et identifie des raisons fondationnelles de conflit entre les approches de conception et les méthodes participatives. Nous examinons un certain nombre d’autres approches possibles de la conception et des interventions dans les systèmes sociaux et explorons l’application potentielle de certaines de ces nouvelles idées dans le cadre d’un processus de formulation de vision basé sur la rationalité communicative. Nous concluons qu’il y a de nombreux problèmes à surmonter avant de décrire une méthodologie de conception complète qui s’éloigne de la base objectiviste des systèmes de conception existants et que la nouvelle approche devra aborder les rapports de pouvoir et les problèmes en résultant et interreliés concernant la redevabilité et la confiance.
  • La redevabilité des ONG internationales (ONGI) de développement a suscité l’intérêt de nombreux universitaires et praticiens du développement. La redevabilité des ONGI s’inscrit dans deux catégories : la redevabilité pratique (concernant l’utilisation des intrants, la manière dont les activités sont effectuées, et concernant les résultats) et la redevabilité stratégique concernant les résultats des ONGI par rapport à leur mission. Ce document présente un cadre conceptuel pour explorer la redevabilité des ONGI. Il se base sur des informations collectées au travers d’un examen des documents disponibles et d’entretiens semi-structurés avec des représentants de 20 ONGI basées au Royaume-Uni. Selon ces recherches, les ONGI tendent à utiliser un certain nombre de mécanismes d’assurance qualité afin d’arriver à la redevabilité “pratique”. Cependant, les auteurs de cet article suggèrent que ce type de redevabilité ne permettra pas forcément aux ONGI d’accomplir leur mission, à savoir atténuer la pauvreté et éliminer l’injustice. Qui plus est, l’utilisation prédominante de la redevabilité pratique a entraîné un certain nombre de lacunes dans la redevabilité des ONGI. Il est suggéré ici que, comme le terme “participation” précédemment, la “redevabilité” a été récupérée pour ses avantages déterminants pour les performances et la gestion des ONGI. Les auteurs soutiennent que, si les ONGI veulent accomplir leurs missions respectives, il leur faudra des formes plus “stratégiques” de redevabilité visant à modifier fondamentalement les structures sociales, économiques et politiques qui favorisent la pauvreté.
  • Andries Du Toit (2004) soutient que le concept d’exclusion sociale n’a qu’une utilité limitée dans le domaine des études du développement puisque la pauvreté chronique est souvent le résultat de l’incorporation à des conditions tout particulièrement défavorables (incorporation défavorable ou négative) plutôt que d’un processus d’exclusion quelconque. Du Toit lance donc un appel pour que l’on cesse de voir l’“exclusion” et l’“inclusion” en termes binaires et que l’on se penche de plus près sur la manière dont différentes sortes de pouvoir sont formées et maintenues. Cet article soutient que la réflexion sur l’exclusion sociale a d’ores et déjà dépassé une simple dichotomie “inclus/exclus” et que l’utilisation du cadre analytique de M. Sen aide les chercheurs à démêler les facteurs complexes et étroitement liés sous-jacents à la pauvreté chronique, comme celle subie par les ouvriers agricoles du district de Ceres, dans la région du Cap-Occidental d’Afrique du Sud.
  • Dans ce bref Point de vue, l’auteur soutient que la manière dont l’espérance de vie moyenne dans tout pays donné est communément comprise est une mesure peu appropriée par rapport au développement puisque, parmi les populations affectées par le sida, elle ne fait pas la différence entre les durées de vie très différentes selon qu’une personne contracte ou non la maladie.
  • Les réseaux internationaux en faveur du changement social augmentent en nombre et en influence. Bien qu’ils aient besoin d’être capables d’évaluer la mesure dans laquelle ils atteignent leur but et de déterminer les manières dont ils peuvent être plus efficaces, les méthodes conventionnelles d’évaluation ne sont pas conçues pour des formes organisationnelles complexes de ce type ni pour les diverses sortes d’activités auxquelles elles sont en général consacrées. En se basant sur une version antérieure de ce document, les auteurs présentent un ensemble de principes et d’approches participatives qui sont plus appropriés pour la tâche que constitue l’évaluation de ces réseaux.
  • Cet article traite du rôle des animaux dans les systèmes cultures/animaux de petite échelle en Asie. Il examine la manière dont les animaux satisfont plusieurs buts et non un seul ou deux buts, la sécurité étant également un élément important. On peut encourager les agriculteurs à produire plus de viande et de lait lorsque les autres formes de sécurité comme les banques sont considérées tout aussi fiables. Ceci revêt également des avantages pour les terres. Les systèmes multi-cultures nécessitent une main-d’œuvre importante, mais dans un contexte dans lequel la main-d’œuvre n’est pas un problème, les dispositifs permettant de faire des économies de main-d’œuvre ne constituent pas la solution. Les animaux dans l’agroforesterie font l’objet d’une discussion détaillée, et l’accent est mis sur les animaux qui paissent sous les plantations de noix de coco et d’huile de palme. En Asie les experts en animaux devraient consacrer plus de temps à examiner les rôles de la multiculture et des animaux dans l’agroforesterie.
  • La morbidité et la mortalité liées au sida affectent non seulement les personnes et leurs familles respectives mais elles minent aussi rapidement la capacité, déjà en difficulté, des États africains de se développer. Enrayer les impacts de la pandémie est donc devenu une préoccupation majeure. Pour ce faire, il faut aborder les questions concernant les soins et le soutien pour les personnes affectées et accroître l’accès des personnes vivant avec le VIH/le sida à des traitements efficaces. La fourniture de ces médicaments complexes dans des contextes où les ressources sont limitées est un phénomène plutôt récent. Dans ce contexte, cet article se base sur les expériences naissantes du terrain pour identifier les questions et les défis qui doivent être abordés afin de faciliter la transposition d’échelle du traitement contre le VIH/le sida en Afrique.
  • Dans cette étude le Profil “Health Promoting Lifestyle” (style de vie favorisant la santé) a été utilisé pour comparer des comportements favorisant la santé dans trois groupes de personnes atteintes de maladies chroniques traitées comme patients en consultation externe dans des cliniques et hôpitaux de Fidji, Nauru et Kiribati. Des différences significatives ont été constatées entre les personnes de sexe masculin et celles de sexe féminin et entre les trois groupes pour ce qui est des pratiques et des attitudes concernant la responsabilité en matière de santé, l’activité physique, la nutrition et la gestion du stress. Les professionnels et les éducateurs du secteur de la santé doivent développer des manières de transmettre le message concernant les styles de vie sains à des populations qui n’accordent guère d’attention aux méthodes conventionnelles d’éducation en matière de santé.
  • Ce rapport résume un projet de recherche-action participatif conjuguant des concepts du domaine de la gestion du développement et les pratiques dans le secteur de la santé mentale au niveau international. Ces recherches ont été menées en Estonie, au Kirghizstan et en Roumanie. Le modèle de politique générale comme processus est au cœur même des accords de gestion du développement mais n’est pas connu des organisations actives dans le secteur de la santé mentale, même celles qui travaillent dans une optique centrée sur la communauté et “ascendante” (partant de la base populaire) pour influencer la politique générale en matière de santé mentale. Dans le même temps, les pratiques et l’apprentissage émanant du secteur de la santé mentale et les modèles radicaux d’autonomisation des utilisateurs n’ont guère fait l’objet d’attention parmi les responsables du développement. Les recherches dont il s’agit ici ont constaté que le modèle de politique générale comme processus était utile pour les activistes du secteur de la santé, qu’il constituait un cadre pouvant rivaliser avec les concepts de politique générale plus traditionnels, directifs et prescriptifs, et qu’il permettait de mieux comprendre les perspectives multiples, les conflits basés sur les valeurs et la dynamique de pouvoir qui caractérisent les accords et les pratiques dans le secteur de la santé mentale. Parmi les recommandations figure un appel à des liens plus étroits entre l’activisme relatif à la santé mentale et la gestion du développement, ainsi qu’à un transfert des connaissances, des accords et des expériences entre les deux disciplines.
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  • Le caractère multidimensionnel de la pauvreté est pratiquement incontesté. Cependant, les mesures de la pauvreté “économiques” ou basées sur les revenus/les dépenses/l’argent continuent d’occuper une position plus dominante parmi les indicateurs et les politiques clés relatifs au développement : l’Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) numéro un est le dollar par jour ; l’Indice de développement humain (IDH) et l’Indice sexospécifique du développement humain (ISDH) du PNUD utilisent tous deux des coefficients qui privilégient fortement le PIB par habitant ; et le nombre de personnes “pauvres en revenus” est en général l’axe principal des Documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté. Cet article traite de cette contradiction apparente entre le consensus sur le sens de la pauvreté et le choix des méthodes au moyen desquelles elle est mesurée dans la pratique. Après avoir présenté un bref historique de la signification et du mesurage de la pauvreté, l’auteur soutient que, bien que le déterminisme “économique” se soit peu à peu éloigné d’une position centrale dans la définition de la pauvreté, il n’a pas cessé d’en dominer le mesurage. Puis vient une section qui met en opposition les mérites relatifs des mesures “économiques” et “non économiques” de la pauvreté. La question suivante est posée : pourquoi les mesures “économiques” de la pauvreté occupent-elles encore une position privilégiée par rapport aux mesures non économiques ?
  • L’inégalité entre les sexes est désormais largement reconnue comme un facteur important dans la propagation et l’établissement de la pauvreté. Cet article examine le Rapport sur le développement dans le monde 2000/1 en tant que schéma directeur de la Banque mondiale pour aborder la pauvreté durant le 21ème siècle, parallèlement à plusieurs autres Documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP), en vue d’analyser la manière dont le genre est assimilé dans le processus d’élaboration de politiques générales et la question de savoir si elle constitue une nouvelle approche du genre et de la pauvreté. Les auteurs soutiennent que la démarche de la Banque mondiale concernant la pauvreté ne donnera probablement pas lieu à une justice relative au genre parce qu’il continue d’y avoir de grandes différences entre les politiques économiques et politiques qu’elle prescrit. Plus précisément, les auteurs soutiennent que la Banque adopte une approche intégrationniste qui assimile les questions de genre dans les paradigmes existants du développement sans tenter de transformer un ordre du jour du développement dont l’objectif final est la croissance économique et non l’équité. Des études de cas du Cambodge et du Viêt-Nam sont utilisées pour illustrer ces arguments.
  • La pauvreté et la manière dont les travaux de recherche la concernant sont menés suscitent une grande préoccupation parmi de nombreux spécialistes des sciences humaines. Cet article présente différentes manières de mener des recherches sur la pauvreté urbaine en Afrique sub-saharienne, en se concentrant sur les méthodes qualitatives et les différentes façons dont elles peuvent être utilisées pour collecter des données. Des exemples sont tirés de recherches sur le terrain effectuées dans des zones urbaines de la République démocratique du Congo (ex-Zaïre) pour illustrer les manières dont différentes méthodes et techniques de recherches sont utilisées sur le terrain et la façon dont un chercheur pourrait organiser la collecte des données.
  • Ce qui impulse le débat actuel sur la vulgarisation agricole, c’est de plus en plus le souci de ce qui peut être fait pour aider les agriculteurs à apprendre à faire face, de manière responsable et rentable, au monde complexe qui les entoure, ce en veillant à ce que le vulgarisateur occupe une position auxiliaire. Cet article cherche à déconstruire et à présenter une évaluation plus raisonnée des services de vulgarisation agricole au travers d’une réflexion sur les paradigmes du développement, l’éducation des adultes, l’autonomisation individuelle et le pluralisme institutionnel. En mettant en cause les dimensions éthiques sous-jacentes de la vulgarisation agricole, il est possible de développer un autre paradigme possible et de générer ainsi de nouvelles idées dans ce domaine. L’article conclut que la raison d’être de la vulgarisation à l’heure actuelle doit être de créer une base éthique qui veille à ce que les pratiques de vulgarisation soient plus inclusives et donc plus à même de répondre aux besoins des agriculteurs et des populations rurales, en intégrant les attentes individuelles dans l’environnement socio-économique, culturel, politique et géographique en général.
  • Cet article passe en revue les stratégies de prévention initiées et mises en œuvre par des ONG de par le monde afin d’aborder le problème du trafic sexuel des femmes. Il expose les bases conceptuelles pour les mesures anti-trafic en général et les mesures de prévention en particulier, avant de présenter un échantillon des programmes et des approches actuels. Les auteurs identifient certaines des lacunes apparentes dans ces interventions et proposent des recommandations afin d’améliorer la mise en œuvre des stratégies de prévention. L’article conclut que les mesures de prévention anti-trafic doivent être intégrées intelligemment dans les pratiques actuelles de développement communautaire et que c’est pour cette raison que les planificateurs du développement aux niveaux local et mondial doivent prendre conscience de cette question et des actions stratégiques nécessaires pour l’aborder.
  • On prétend souvent que les ONG et le contexte du développement en général sont intrinsèquement différents des autres contextes organisationnels au sein desquels on pense que le développement des ressources humaines (DRH) joue un rôle important. Dans cet article, l’auteur décrit dans leurs grands traits les concepts fondamentaux qui étayent d’une part le développement humain au sein des organisations et d’autre part le développement organisationnel et présente les arguments en faveur d’un investissement accru dans les personnes. Bien que ceci puisse soulever des questions d’ordre éthique et pratique dans les organisations qui ne génèrent pas leurs propres revenus mais dépendent de fonds externes, l’échec à développer le personnel dont dépend, en définitive, toute organisation de développement comporte des risques beaucoup plus importants. La gestion, et plus particulièrement le DRH, ne sont pas des activités “sédentaires” qui peuvent être menées au travers de l’application de protocoles et de sanctions, mais elles requièrent vision, leadership et engagement pratique.
  • Cet article traite du rôle que jouent les ONG, non pas dans leur rôle traditionnel comme prestataires de services, mais comme employeurs sur le marché du travail égyptien. Au cours des deux dernières décennies, les ONG ont proposé des postes attractifs à des professionnels issus des classes moyennes déçus par le secteur privé et ne souhaitant plus intégrer la bureaucratie de l’État. Les conditions de travail du nombre croissant d’employés d’ONG et les résultats des ONG en tant qu’employeurs n’ont pas fait l’objet d’un examen dans les nombreux documents portant sur les ONG émanant des chercheurs universitaires et des décideurs, lesquels ont jusqu’à présent porté presque exclusivement sur les relations des ONG avec leurs “bénéficiaires” et non sur leur position comme protagonistes actifs sur un marché du travail en mutation.
  • Cet article traite de la signification du développement sous un angle post-développement, en se basant sur une étude de cas portant sur un projet d’élevage de chèvres mené au sein d’une petite communauté d’agriculteurs d’une ville rurale du nord-est du Brésil. Ce projet de développement a subi la tension due à des visions du développement contradictoires tandis qu’il cherchait à imposer une vue interventionniste, ethnocentrique et moderniste de ce qui profiterait le mieux à la communauté, en stipulant même la façon dont les agriculteurs devaient travailler ensemble. L’interprétation moderniste a été critiquée pour diverses raisons, mais continue néanmoins de conditionner la façon dont l’“industrie du développement” définit ses valeurs et perçoit sa mission.
  • Le projet politique d’égalité entre les sexes (parité) en Afrique a pris de l’élan et affiche de nombreuses réussites. Cependant, celles-ci se limitent largement aux “grandes” femmes qui travaillent dans les contextes bureaucratiques public et privé dans lesquels il existe déjà un plus grand engagement en faveur de l’égalité entre les sexes. L’auteur soutient que, dans le contexte du Cameroun, tant que ces “grandes” femmes ne renouvelleront pas leur engagement vis-à-vis de leurs sœurs au niveau de la base populaire, l’expérience de l’égalité entre les sexes restera largement inégale. Seuls des liens solides entre les employées de bureau et les femmes moins privilégiées parviendront à combler ce fossé.
  • L’auteur de cet article soutient que les efforts de développement en Afrique peuvent profiter considérablement de l’amélioration de son pouvoir de négociation et d’une démonstration plus sincère de générosité de la part de ses partenaires commerciaux, en particulier les pays développés. Cette générosité suppose de ne pas imposer de conditions ni de restrictions aux produits africains, en particulier les exportations agricoles, et d’éliminer les subventions agricoles dans les États développés. À moins que ces mesures ne soient prises, les concessions accordées aux pays africains resteront symboliques.
  • Cet article propose une étude de cas sur l’affectation provisoire de personnel d’une ONG du Nord (Trócaire) à une organisation partenaire du Sud, la Catholic Development Commission (CADECOM) du Malawi, comme modèle possible pour le développement des capacités. L’approche décrite a été mise à l’essai dans le contexte d’un programme d’urgence mais pourrait également être utilisée dans un contexte de développement. Cet article analyse le caractère approprié du modèle sur les plans de la structure administrative, de l’axe central et de l’impact et cherche à tirer des enseignements à l’attention des praticiens pour en assurer l’application réussie.
  • Bien qu’il n’ait pas fait partie du programme national jusqu’en 2004, l’enseignement des questions relatives au VIH/sida figure depuis quelque temps au programme des écoles secondaires sous une variété de formes parascolaires, dont les médias, les groupes de jeunes, le théâtre, la musique et les associations parents-professeurs. Cet article identifie et évalue l’intégration de l’information sur le VIH/le sida dans le programme scolaire national dans les écoles secondaires ougandaises entre 2002 et 2004, sur la base des points de vue des administrateurs, des professeurs et des étudiants de 76 écoles. Bien que la plupart des écoles n’aient pas pour le moment inclus le VIH/le sida dans le programme scolaire national officiel, l’information a été diffusée par d’autres moyens divers. Cet article identifie les plus efficaces d’entre eux, traite des réactions perçues parmi les diverses parties prenantes concernant l’enseignement de la problématique VIH/sida dans les écoles secondaires et propose des recommandations pour la réforme du programme scolaire.
  • Cet article décrit les expériences d’une petite ONG bangladaise concernant l’utilisation d’outils axés sur les protagonistes pour se concentrer sur les populations et les partenariats clés dans la planification, le suivi et l’évaluation des projets. Cette approche a contribué à identifier des interventions propres au contexte, en se basant sur les protagonistes locaux clés et les réseaux autochtones, sensibles aux contraintes subies par les plus pauvres. En conséquence, l’ONG s’est éloignée d’un ordre du jour impulsé par l’extérieur pour devenir une organisation qui réfléchit plus et réagit mieux. Dans le cadre du développement de cette approche, l’ONG s’est heurtée à quelques problèmes du fait du caractère politiquement sensible de la représentation des liens. Ceci souligne l’importance de l’utilisation de ces outils d’une manière politiquement consciente, positive et réfléchie.
  • La culture sur substrats flottants s’est avérée être un moyen efficace de produire des cultures agricoles dans différentes terres humides du monde. Dans les lacs d’eau douce et les zones humides, on cultive au Bangladesh des légumes, des fleurs et de jeunes plants en utilisant cette technique de culture flottante, sans recours à une irrigation supplémentaire ni à des engrais chimiques. Aucune étude détaillée de cette technique de culture indigène n’a été publiée à ce jour, bien que la méthode ne laboratoire, l’hydroponie, ait fait l’objet de nombreux écrits professionnels. Notre étude se concentre sur la nature et les caractéristiques du système bangladais, dans lequel les agriculteurs ont démontré le potentiel d’utilisation durable de ces ressources en eau locales communales. Nous cherchons à établir un point de référence pour que puissent être menées des recherches supplémentaires sur cette technique afin qu’elle soit perfectionnée et à effectuer une évaluation de son adéquation pour qu’elle puisse être reproduite ailleurs.
  • Sur la base de l’intérêt que suscite actuellement le développement de nouveaux programmes d’apprentissage de l’écriture et la lecture parmi les adultes basés sur “l’alphabétisation pour favoriser les moyens d’existence”, cet article examine quelques études de cas de l’utilisation de l’alphabétisation dans les moyens d’existence en Nouvelle Zélande, au Bangladesh et en Égypte et les relie au type d’alphabétisation pratiquée dans le cadre de nombreux programmes d’alphabétisation destinés aux adultes à l’heure actuelle. Il fait remarquer que les personnes changent souvent de moyen d’existence et que chacun présente ses propres pratiques d’alphabétisation. L’article suggère que l’utilisation de ces pratiques d’alphabétisation incorporées dans les activités de moyens d’existence pourrait constituer un meilleur point de départ pour l’alphabétisation des adultes qu’un manuel scolaire.
  • Une partie de l’aide offerte par la Nouvelle Zélande aux nations insulaires du Pacifique prend la forme de bourses d’enseignement supérieur. Les étudiants en bénéficiant font des études dans des institutions d’enseignement supérieur dans l’ensemble du Pacifique, y compris la Nouvelle Zélande. Mais qu’en est-il lorsqu’ils rentrent chez eux et qu’ils réintègrent leur culture et leur vie familiale et cherchent du travail ? Les travaux de recherche décrits dans cet article examinent cette question par rapport aux diplômées de Vanuatu lorsqu’elles sont rentrées chez elles après avoir étudié à l’étranger pendant trois ans ou plus. Certaines se sont réintégrées aisément et ont retrouvé du travail rapidement, tandis que d’autres ont subi un profond choc culturel à leur retour et ont mis de nombreux mois à trouver du travail approprié. Si Vanuatu veut tirer le parti maximum des qualifications supérieures de ces femmes et si les bailleurs de fonds veulent atteindre les buts de leur programme de bourses d’études, il est nécessaire d’apporter des changements, dont un soutien plus coordonné et des études de suivi régulières.